Je vous écris de ma terrasse

Je vous écris de ma terrasse. Devant moi mon jardin arboré comme on dit dans les annonces immobilières. Au fond de la propriété (ça fait chicos « la propriété ») une haie diversifiée, et  juste devant un joli massif de rosiers rouges du plus bel effet… Enfin, habituellement, parce que là avec la sécheresse… La floraison est minimaliste.
Le ciel est bleu et s'y déplacent  lentement de paresseux nuages blancs qui jouent les parasols temporaires. Un peu à l'image de la vie tantôt au soleil, tantôt à l'ombre. Un peu comme moi actuellement : des jours d'ombre et de lumière au gré des nouvelles qui me parviennent concernant mon matériel orthopédique qui finira bien par arriver jusqu'à moi. Il semblerait qu'il soit actuellement entre Houston et la lune … Enfin plus réalistement ce serait au fond d'un camion de livraison quelque part sur la planète… D'après l'enquête le camion serait quand même en France…

C'est un peu l'ombre lorsque je pense à mes vacances annulées.
C'est le soleil lorsque je mesure ma chance de vivre dans un environnement agréable, aéré, plutôt calme, alors que je suis dans la mouvance d'une grande métropole régionale.
Je n'ai que quelques centaines de mètres à parcourir avec ma bécane à roulettes pour me retrouver au milieu des champs et des maraîchers.
Je n'ai que quelques centaines de mètres à parcourir dans l'autre sens pour me retrouver dans un quartier de commerçants et de restaurants, dont certains, Oh joie ! , sont accessibles aux Zhandis !

Dans mon arsenal il y a une petite règle de vie : « se rendre au réel », c'est-à-dire à la réalité pour ce qu'elle est à l'instant qui passe. On peut vouloir que tout soit autrement, mais c'est toujours une vue de l'esprit. On peut prendre ses désirs pour des réalités, mais la désillusion est au coin de la rue.

Mieux que cela encore, j'essaie de me rendre au réel mais en plus j'essaye de le choisir comme la référence incontournable.
Et dès lors que je choisis le réel pour ce qu'il est, c'est alors que tout change et que je ne m'épuise plus à raller dans tous les sens.
C'est quand je m'appuie sur la réalité que je peux progresser.

J'ai appris cela il y a longtemps de mon maître à vivre (celui qui aura le plus compté pour moi). Je l'ai appris mais j'ai mis bien du temps à l'appliquer. À en faire un choix dynamique. À choisir ce meilleur pour moi. Cela fonctionne quand je le vis vraiment. C'est pas tout le temps ni à chaque fois… j'ai mis plusieurs semaines à accepter l'annulation de mes vacances pour raisons « indépendants de ma volonté » comme on dit. Je refusais ce réel et je me minais le moral.
Aujourd'hui ce n'est plus que l'ombre d'un regret, et j'ai organisé mon été tout autrement.
Comme quoi des fois je suis quand même le dernier des cons…