A. Le courage de l'impossible

Je rêve d'un jour pouvoir être publiée, et lue par des personnes que mon récit touchera, intriguera, comblera ou décevra. Pourquoi est-ce un rêve impossible ? Parce que je n'écris pas. Pas suffisamment en tous cas.

Pendant des années, j'ai attendu d'être triste, à la limite de la dépression pour sortir un texte.Je me suis réfugiée derrière l'excuse de ce contexte particulier comme une nécessité. Il me fallait cet état d'esprit pour oser affronter une page blanche. Si quelques chose sortait, j'étais capable de surmonter ma dépression et je valais quelque chose, si la page restait blanche ou que le texte ne valait pas la peine d'être lu, c'était normal, de toutes façons je ne valais rien. Oui mais voilà, cette excuse a fini par choir du piédestal sur lequel je la plaçais parce que ma dépression a fini par être soignée. Quelle excuse trouver alors ? Le manque de temps ? Le manque d’intrigue ? Le manque de… De rien en fait, si ce n’est peut-être de motivation. Pourquoi ne pas se motiver à écrire ? Parce que pour écrire il faut du courage, et que dans mon genre je suis plutôt couarde…

J’aime partager mes textes, j’ai des idées pour beaucoup de choses, même si n’en déplaise à la plupart des gens qui donnent des conseils d’écriture, ces idées n’ont pas trait aux genres de livre que je lis le plus ; mais je n’ai pas le courage de les écrire et de les affronter. Pas le courage de surmonter les obstacles. J’ai participé à des ateliers d’écriture pour tenter de remédier à cela et au moins pour tenter d’introduire une régularité dans mon travail d’écriture. Résultat, des publications en dents de scie dans les ateliers en ligne, et une participation régulières mais jamais plus creusée après la séance pour les ateliers physiques. Ce texte d’ailleurs restera sûrement identique au premier jet, car je n’aurais pas le courage de le réécrire, de le modifier pour qu’il me plaise à 100 %. Chaque année je me dis que je dois faire un effort, que pour atteindre un rêve et le transformer en réalité il faut s’entraîner, se motiver et progresser. Alors chaque année je me dis « cette année c’est la bonne », et puis je me trouve une excuse : « cette année je suis trop heureuse, rien de bon ne sort », « cette année je suis enceinte et je dois me ménager », « cette année je suis maman et je n’ai pas le temps », « cette année le « d » de mon clavier a lâché alors c’est compliqué », « j’arrive mieux à écrire à la main, mes idées sont plus claires, mais tout recopier ensuite au PC c’est double travail », « cette année je travaille, je passe mon temps à écrire des rapports, j’ai la flemme d’écrire en rentrant » etc.
Je n’ai pas le courage d’affronter les pages blanches, les histoires qui tournent dans ma tête, les obstacles de l’écriture. Pas le courage d’affronter un refus ou une mauvaise critique. Pas le courage d’assumer que mon temps libre je le passe à aligner des mots et à créer des histoires. Pas le courage de m’organiser en conséquence. Pas le courage de dire aux gens d’aller se faire voir. Pas le courage de prendre le taureau par les cornes. Pas le courage, tout simplement. Je sais que si je ne me botte pas les fesses, je n’avancerai jamais. Je sais que tout n’arrive pas tout chaud, et qu’il faut que je travaille mes textes si je veux les partager. Qu’il faut que j’écrive mes idées, que je les développe, les corrige, les peaufine, les retravaille encore et encore…

Si je ne suis pas éditée ce n’est pas parce que je n’ai pas de talent pour écrire (quoi que ce n’est pas à moi d’en décider), ce n’est pas non plus parce que je n’ai rien à raconter, c’est avant tout parce que je n’ai pas le courage nécessaire pour me lancer dans l’aventure.

J'avais un peu le même rêve que toi enfant car j'adore écrire depuis toujours mais j'ai longtemps oublié l'écriture, submergée par mon rôle de jeune maman, le travail, la vie familiale qui a pris le dessus. C'est quand  les enfants ont grandi et que j'ai eu l'opportunité de travailler à mi-temps que j'ai découvert l'existence des ateliers d'écriture. Ils m'ont permis de remettre le pied à l'étrier et je n'ai plus cessé d'y participer. Ils m'ont apporté énormément, à commencer par le partage que je n'aurais jamais osé auparavant, et j'ai l'impression de m'être améliorée.