A - Esclarmonde de Patin-Couffin, le retour
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Zephyrine
Martine27
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A - Esclarmonde de Patin-Couffin, le retour
« Le jeune homme écrivait, penché sur l’écritoire. »
Madame la Marquise Esclarmonde de Patin-Couffin, porte son thé à ses lèvres, en se demandant, une fois de plus, pourquoi cette peinture porte un tel titre.
Certes, ce jeune homme semble très occupé à écrire, mais quelque chose de plus simple comme « L’écritoire » aurait été suffisant.
- Que peut-il bien écrire ?
Monsieur le Marquis Amédée de Patin-Couffin, lève le nez de son journal et interroge.
- Vous m’avez parlé mon amie ?
- Non, je pensais tout haut.
- Et que pensiez-vous ?
- Je m’interrogeais sur l’origine de ce tableau. Lequel parmi vos excentriques aïeux a fait peindre ce tableau et pourquoi ?
À part lui, Monsieur le Marquis ne peut s’empêcher de penser qu’en ce qui concerne l’excentricité, sa chère épouse n’est pas en reste.
Il pose avec soin son journal sur la petite table près de lui, et répond par une interrogation.
- Vous est-il arrivé d’entendre de la musique durant la nuit ?
- En effet, mon ami. J’ai d’ailleurs essayé, à maintes reprises, de trouver lequel de vos ancêtres pouvait bien être le coupable de cette cacophonie.
Voilà une réponse qui souligne bien le caractère aventureux de Madame la Marquise, pense le majordome Gaston-Jeeves, adossé à la bibliothèque qui sert de tuteur à ses vieilles jambes fatiguées. Il attend avec impatience la suite de cette conversation.
- Cacophonie, je vous trouve bien sévère, très Chère.
- Vous m’excuserez, mon tendre ami, mais massacrer ainsi la Lettre à Élise est purement et simplement un outrage à ce pauvre Ludwig. En quoi, ce musicien approximatif est-il lié à notre écrivain ?
- En fait, l’ancêtre représenté sur ce tableau était musicien.
- Bien, mais ceci n’explique en rien ce massacre musical, qui soit dit en passant ne semble pas vous déranger. Ne faudrait-il pas que vous preniez rendez-vous avec un audioprothésiste pour contrôler votre ouïe ?
Monsieur le Marquis Amédée de Patin-Couffin, un peu vexé, préfère botter en touche.
- Vous le savez très Chère, notre château est très habité.
Madame la Marquise Esclarmonde de Patin-Couffin soupire. Elle a déjà eu l’occasion de croiser à de nombreuses reprises, les ancêtres de son Amédée. Les fantômes étant quasiment une institution dans les vieux châteaux. Mais au moins, aucun n’avait l’indélicatesse de la réveiller en pleine nuit avec un tel vacarme. Même si, parfois, le traditionaliste Marquis Gonzague s’amusait à secouer des chaînes les soirs de pleine lune.
- J’ai hâte d’entendre votre histoire, mon ami.
- Eh bien, notre compositeur se prénommait Octave et …
- Voilà un prénom prédestiné pour un musicien, s’amuse la Marquise.
- Donc, notre Octave tomba amoureux de la délicieuse Cécile.
- Il ne pouvait en être autrement, se réjouit son épouse.
Voyant Monsieur le Marquis commencer à perdre ses moyens, Gaston-Jeeves arrive à petits pas pour lui servir un verre de Porto roboratif. Un discret sourire le remercie. Il se dépêche de débiter son histoire le plus vite possible en espérant éviter toute nouvelle interruption.
- Octave épousa la charmante Cécile. Si leur vie maritale fut harmonieuse, il s’avéra que la douce Cécile n’avait point l’oreille musicale, ce qui traumatisa Octave pourvu de l’oreille absolue. Il décida de composer une mélodie simple qu’elle serait en mesure de jouer sans trop de fausses notes. C’est ce moment qu’il décida de faire reproduire pour son portrait officiel. Quant au titre, je dois vous avouer, ne l’avoir jamais compris non plus.
- Cécile arriva-t-elle à ses fins ?
- Oui, mais malheureusement ce succès inattendu eut des conséquences pernicieuses. Cécile s’entêta, sa vie durant, à tenter de jouer la fameuse Lettre à Élise, très à la mode à l’époque. Quand elle rendit l’âme, elle n’avait toujours pas réussi et son fantôme revient de temps à autre. Il faut croire qu’elle ne trouvera le repos que la nuit où elle y parviendra enfin.
Madame la Marquise se met à réfléchir sous les regards anxieux de son époux et du majordome. Une idée baroque doit encore être en train de germer dans son esprit fécond, ce qui n’est pas toujours de tout repos pour la maisonnée.
Les jours qui suivent, Monsieur le Marquis et Gaston-Jeeves constatent que la Marquise s’agite beaucoup, renforçant leur appréhension.
Cette nuit, c’est la pleine lune. Madame la Marquise Esclarmonde de Patin-Couffin enjoint tout le monde à rester cloîtré dans sa chambre.
Monsieur le Marquis entend son épouse se glisser hors de sa chambre et rejoindre le salon de musique. Des murmures s’élèvent, suivis de gloussements réjouis. Sa chère Esclarmonde est unique, elle seule lui semble capable de s’adresser ainsi à un fantôme. Même si Cécile n’est pas bien méchante, si ce n’est pour les oreilles.
Et soudain, à la grande stupeur des auditeurs, la mélodie de la Lettre à Élise s’élève avec grâce. Un nouvel éclat de rire et un grand soupir soulagé accompagne la fin du morceau.
Monsieur le Marquis ne peut résister plus longtemps à la curiosité et se rue, avec un manque total de retenue, dans le salon de musique.
Madame la Marquise lui adresse un sourire radieux.
- Voilà mon cher, Cécile est en paix et a rejoint Octave. Venez, allons vérifier cela sur le tableau.
Bouche bée, le Marquis constate que le jeune homme penché sur l’écritoire se tient maintenant bien droit, la main d’une ravissante jeune femme posée sur son épaule.
- C’est un miracle, balbutie le Marquis, comment avez-vous fait ?
Madame Esclarmonde, lui montre un antique magnétophone et éjecte une cassette audio de musique classique.
- Personne n’avait précisé qu’elle devait jouer ce morceau sur le piano, appuyer sur la touche Play était bien suffisant. Il fallait juste y penser.
- Ma douce, vous êtes une femme incroyable.
Esclarmonde esquisse une révérence pleine de modestie et rejoint ses pénates, satisfaite de penser que les nuits vont être beaucoup plus calmes. Encore qu’allez savoir ce qui peut advenir avec les ancêtres Patin-Couffin.
Madame la Marquise Esclarmonde de Patin-Couffin, porte son thé à ses lèvres, en se demandant, une fois de plus, pourquoi cette peinture porte un tel titre.
Certes, ce jeune homme semble très occupé à écrire, mais quelque chose de plus simple comme « L’écritoire » aurait été suffisant.
- Que peut-il bien écrire ?
Monsieur le Marquis Amédée de Patin-Couffin, lève le nez de son journal et interroge.
- Vous m’avez parlé mon amie ?
- Non, je pensais tout haut.
- Et que pensiez-vous ?
- Je m’interrogeais sur l’origine de ce tableau. Lequel parmi vos excentriques aïeux a fait peindre ce tableau et pourquoi ?
À part lui, Monsieur le Marquis ne peut s’empêcher de penser qu’en ce qui concerne l’excentricité, sa chère épouse n’est pas en reste.
Il pose avec soin son journal sur la petite table près de lui, et répond par une interrogation.
- Vous est-il arrivé d’entendre de la musique durant la nuit ?
- En effet, mon ami. J’ai d’ailleurs essayé, à maintes reprises, de trouver lequel de vos ancêtres pouvait bien être le coupable de cette cacophonie.
Voilà une réponse qui souligne bien le caractère aventureux de Madame la Marquise, pense le majordome Gaston-Jeeves, adossé à la bibliothèque qui sert de tuteur à ses vieilles jambes fatiguées. Il attend avec impatience la suite de cette conversation.
- Cacophonie, je vous trouve bien sévère, très Chère.
- Vous m’excuserez, mon tendre ami, mais massacrer ainsi la Lettre à Élise est purement et simplement un outrage à ce pauvre Ludwig. En quoi, ce musicien approximatif est-il lié à notre écrivain ?
- En fait, l’ancêtre représenté sur ce tableau était musicien.
- Bien, mais ceci n’explique en rien ce massacre musical, qui soit dit en passant ne semble pas vous déranger. Ne faudrait-il pas que vous preniez rendez-vous avec un audioprothésiste pour contrôler votre ouïe ?
Monsieur le Marquis Amédée de Patin-Couffin, un peu vexé, préfère botter en touche.
- Vous le savez très Chère, notre château est très habité.
Madame la Marquise Esclarmonde de Patin-Couffin soupire. Elle a déjà eu l’occasion de croiser à de nombreuses reprises, les ancêtres de son Amédée. Les fantômes étant quasiment une institution dans les vieux châteaux. Mais au moins, aucun n’avait l’indélicatesse de la réveiller en pleine nuit avec un tel vacarme. Même si, parfois, le traditionaliste Marquis Gonzague s’amusait à secouer des chaînes les soirs de pleine lune.
- J’ai hâte d’entendre votre histoire, mon ami.
- Eh bien, notre compositeur se prénommait Octave et …
- Voilà un prénom prédestiné pour un musicien, s’amuse la Marquise.
- Donc, notre Octave tomba amoureux de la délicieuse Cécile.
- Il ne pouvait en être autrement, se réjouit son épouse.
Voyant Monsieur le Marquis commencer à perdre ses moyens, Gaston-Jeeves arrive à petits pas pour lui servir un verre de Porto roboratif. Un discret sourire le remercie. Il se dépêche de débiter son histoire le plus vite possible en espérant éviter toute nouvelle interruption.
- Octave épousa la charmante Cécile. Si leur vie maritale fut harmonieuse, il s’avéra que la douce Cécile n’avait point l’oreille musicale, ce qui traumatisa Octave pourvu de l’oreille absolue. Il décida de composer une mélodie simple qu’elle serait en mesure de jouer sans trop de fausses notes. C’est ce moment qu’il décida de faire reproduire pour son portrait officiel. Quant au titre, je dois vous avouer, ne l’avoir jamais compris non plus.
- Cécile arriva-t-elle à ses fins ?
- Oui, mais malheureusement ce succès inattendu eut des conséquences pernicieuses. Cécile s’entêta, sa vie durant, à tenter de jouer la fameuse Lettre à Élise, très à la mode à l’époque. Quand elle rendit l’âme, elle n’avait toujours pas réussi et son fantôme revient de temps à autre. Il faut croire qu’elle ne trouvera le repos que la nuit où elle y parviendra enfin.
Madame la Marquise se met à réfléchir sous les regards anxieux de son époux et du majordome. Une idée baroque doit encore être en train de germer dans son esprit fécond, ce qui n’est pas toujours de tout repos pour la maisonnée.
Les jours qui suivent, Monsieur le Marquis et Gaston-Jeeves constatent que la Marquise s’agite beaucoup, renforçant leur appréhension.
Cette nuit, c’est la pleine lune. Madame la Marquise Esclarmonde de Patin-Couffin enjoint tout le monde à rester cloîtré dans sa chambre.
Monsieur le Marquis entend son épouse se glisser hors de sa chambre et rejoindre le salon de musique. Des murmures s’élèvent, suivis de gloussements réjouis. Sa chère Esclarmonde est unique, elle seule lui semble capable de s’adresser ainsi à un fantôme. Même si Cécile n’est pas bien méchante, si ce n’est pour les oreilles.
Et soudain, à la grande stupeur des auditeurs, la mélodie de la Lettre à Élise s’élève avec grâce. Un nouvel éclat de rire et un grand soupir soulagé accompagne la fin du morceau.
Monsieur le Marquis ne peut résister plus longtemps à la curiosité et se rue, avec un manque total de retenue, dans le salon de musique.
Madame la Marquise lui adresse un sourire radieux.
- Voilà mon cher, Cécile est en paix et a rejoint Octave. Venez, allons vérifier cela sur le tableau.
Bouche bée, le Marquis constate que le jeune homme penché sur l’écritoire se tient maintenant bien droit, la main d’une ravissante jeune femme posée sur son épaule.
- C’est un miracle, balbutie le Marquis, comment avez-vous fait ?
Madame Esclarmonde, lui montre un antique magnétophone et éjecte une cassette audio de musique classique.
- Personne n’avait précisé qu’elle devait jouer ce morceau sur le piano, appuyer sur la touche Play était bien suffisant. Il fallait juste y penser.
- Ma douce, vous êtes une femme incroyable.
Esclarmonde esquisse une révérence pleine de modestie et rejoint ses pénates, satisfaite de penser que les nuits vont être beaucoup plus calmes. Encore qu’allez savoir ce qui peut advenir avec les ancêtres Patin-Couffin.
J’ai fait mes devoirs de vacances avec les consignes 690 et 694
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Esclarmonde de Patin-Couffin, le retour
Voilà une interprétation de la consigne vraiment inattendue !
Tu as fait fort et long!
Cette histoire est amusante et nous présente des personnages assez originaux.
Bonne idée de recherche dans les moindres détails.
Bravo à toi!
Tu as fait fort et long!
Cette histoire est amusante et nous présente des personnages assez originaux.
Bonne idée de recherche dans les moindres détails.
Bravo à toi!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A - Esclarmonde de Patin-Couffin, le retour
Très futée cette chère Esclarmonde (mon Dieu, où as-tu été pêcher un prénom pareil ?) et finalement, tout le monde y gagne.
Super récit, bien mené et au final réjouissant. Encore !
Super récit, bien mené et au final réjouissant. Encore !
Daboum- Humeur : jusqu'ici, ça va
Re: A - Esclarmonde de Patin-Couffin, le retour
Ravie du retour de cette chère Esclarmonde et du dénouement de cette histoire où chacun a retrouvé la paix.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A - Esclarmonde de Patin-Couffin, le retour
Ah, Martine, toi seule ici peut inventer des noms de personnages farfelus ! Un régal ! J'ai adoré ton histoire !
Je m'en vais lire tes devoirs de vacances !
Je m'en vais lire tes devoirs de vacances !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A - Esclarmonde de Patin-Couffin, le retour
Bizarre mon message n'a pas été enregistré. Bon, je reprends. Merci à toutes.
Et pour répondre à Daboum et Amanda, ce prénom improbable existe bien. Il m'est venu lorsque j'ai écrit la première histoire de cette famille farfelue. Quant à dire d'où il a débarqué et pourquoi, ça c'est autre chose !
Et pour répondre à Daboum et Amanda, ce prénom improbable existe bien. Il m'est venu lorsque j'ai écrit la première histoire de cette famille farfelue. Quant à dire d'où il a débarqué et pourquoi, ça c'est autre chose !
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Esclarmonde de Patin-Couffin, le retour
Tu es une conteuse hors pair. J'ai adoré ton texte. Super bien écrit, très fourni / Tu nous embarques dans une histoire de fantôme sans aucune fausse note. Parfois sur un texte long on a tendance à être moins exigent sur la dernière partie, par manque d'inspiration ou bien parce qu'on finit dans l'urgence. Ce n'est pas le cas de ce texte.
Félicitations, je commence par ce texte en ce lundi matin et il me met d'excellente humeur
Félicitations, je commence par ce texte en ce lundi matin et il me met d'excellente humeur
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Bonjour Invité, je suis heureuse de te compter parmi les Kaléïdoplumiens
Admi......ratrice de vos mots !!!!!.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A - Esclarmonde de Patin-Couffin, le retour
Merci Cassy, heureuse de t'avoir donné la banane !
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Esclarmonde de Patin-Couffin, le retour
Martine, j'ai même trouvé le site internet d'Esclarmonde... esclarmonde.net mais c'est pas tout à fait çà. Elle aurait plutôt chassé le fantôme avec de la sauge et des incantations
Daboum- Humeur : jusqu'ici, ça va
Re: A - Esclarmonde de Patin-Couffin, le retour
@ Daboum J'ai aussi trouvé un blog d'Esclarmonde. Ce qui est amusant, c'est que ce prénom se réfère aux cathares et à Montségur et que je lis justement un roman qui se déroule à cet endroit, j'adore les coïncidences http://luniversdesclarmonde.eklablog.com/mais-pourquoi-esclarmonde-a24684027
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
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