A- Demain j'irai
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Amanda
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A- Demain j'irai
Je ne suis pas allé à l'école ce matin, je ne le sentais pas.
Une intuition, un ressenti, un signal diffus, allez savoir ! En tous cas une appréhension suffisamment forte pour éveiller mon instinct qui me dictait de ne pas y aller. Pas ce matin.
Demain j’irai, c’est certain. Quoi que je ressente demain, j’irai. Je suis déterminé. De toute manière il faudrait être vachement fortiche pour prétendre pouvoir rester de marbre demain. L’école m’a toujours fait gerber, mais demain ce sera une autre affaire. Autant le savoir et me mettre en condition.
Se préparer, c’est ça le secret, bien se préparer. Des vêtements amples, de couleur neutre. Ce n’est pas que les autres me remarquent en général, d’ailleurs je ne connais pas grand monde. Si j’ai 17 ans comme eux, très peu savent que je m’appelle John et à part Bill, qui est notre délégué, je serais bien en peine de mettre un prénom sur une tête. Et ce n’est pas demain que ça changera. A l’aise donc dans mes fringues et dans mes baskets. Tout est prêt sur ma chaise.
Vérifier mon sac aussi, passer en revue mon matériel. Je pense que tout y est. Merde, c’est lourd !
L’horaire, il faudra changer de local après le second cours, puis pour le quatrième se diriger vers les vestiaires pour le sport. Je déteste le sport, et tous les midis c’est pareil, les apollons exhibent leurs muscles devant les pom-pom girls qui frétillent d’excitation. Esprits sains dans des corps sains, tu parles ! Cirque lubrique avant la grande débauche.
Bande d’hypocrites et de salopards. J’avais une seule copine, Jessie. Douce et frêle elle n’était pas une beauté, mais on causait quelquefois. Jessie voyait bien que je faisais bande à part et elle partageait avec moi les difficultés qu’elle rencontrait pour s’intégrer. Au contraire de moi, elle multipliait ses tentatives. J’ai bien essayé de l’en dissuader, lui disant qu’on s’en fichait, que les autres n’en valaient pas la peine. Chaque essai se soldait par un échec, les filles l’ignoraient d’abord, la rejetaient, puis de guerre lasse, voyant que Jessie persévérait, s’en moquaient ouvertement. Je l’écoutais se plaindre mais, impuissant, je n’avais aucune bonne recette à lui prodiguer. Je ne pouvais que tenter de la consoler. Rien n’y fit. Je la voyais dépérir de jour en jour, puis je ne la vis plus. Je croyais que de découragement Jessie avait changé d’école, mais je viens d’apprendre qu’elle est décédée d’anorexie. Jessie avait faim des autres et les autres lui ont dégueulé leur mépris.
Au dîner ce soir Tante Cathy, qui m’héberge depuis que je suis à la « high school », s’inquiétait de ma mauvaise mine et de mon manque d’appétit. Je n’ai jamais faim, mais ce soir, même si Taty débloque souvent, elle avait raison. J’étais noué. J’ai mis cela sur le compte de l’école, et çà l’a rassurée, elle sait que l’école ce n’est pas mon truc, mais tous les gamins vont à l’école, c’est comme çà.
La nervosité monte et je ne parviendrai pas à dormir. J’ouvre mon PC et me branche sur Fornite Battle, cela me distraira.
Après trois heures de combat virtuel acharné, complètement vidé, je me dirige vers mon lit.
Avant de sombrer dans le sommeil je tâte au travers de mon sac la présence froide et rassurante du canon de l’AR 15.
Tantôt j’irai à l’école.
Une intuition, un ressenti, un signal diffus, allez savoir ! En tous cas une appréhension suffisamment forte pour éveiller mon instinct qui me dictait de ne pas y aller. Pas ce matin.
Demain j’irai, c’est certain. Quoi que je ressente demain, j’irai. Je suis déterminé. De toute manière il faudrait être vachement fortiche pour prétendre pouvoir rester de marbre demain. L’école m’a toujours fait gerber, mais demain ce sera une autre affaire. Autant le savoir et me mettre en condition.
Se préparer, c’est ça le secret, bien se préparer. Des vêtements amples, de couleur neutre. Ce n’est pas que les autres me remarquent en général, d’ailleurs je ne connais pas grand monde. Si j’ai 17 ans comme eux, très peu savent que je m’appelle John et à part Bill, qui est notre délégué, je serais bien en peine de mettre un prénom sur une tête. Et ce n’est pas demain que ça changera. A l’aise donc dans mes fringues et dans mes baskets. Tout est prêt sur ma chaise.
Vérifier mon sac aussi, passer en revue mon matériel. Je pense que tout y est. Merde, c’est lourd !
L’horaire, il faudra changer de local après le second cours, puis pour le quatrième se diriger vers les vestiaires pour le sport. Je déteste le sport, et tous les midis c’est pareil, les apollons exhibent leurs muscles devant les pom-pom girls qui frétillent d’excitation. Esprits sains dans des corps sains, tu parles ! Cirque lubrique avant la grande débauche.
Bande d’hypocrites et de salopards. J’avais une seule copine, Jessie. Douce et frêle elle n’était pas une beauté, mais on causait quelquefois. Jessie voyait bien que je faisais bande à part et elle partageait avec moi les difficultés qu’elle rencontrait pour s’intégrer. Au contraire de moi, elle multipliait ses tentatives. J’ai bien essayé de l’en dissuader, lui disant qu’on s’en fichait, que les autres n’en valaient pas la peine. Chaque essai se soldait par un échec, les filles l’ignoraient d’abord, la rejetaient, puis de guerre lasse, voyant que Jessie persévérait, s’en moquaient ouvertement. Je l’écoutais se plaindre mais, impuissant, je n’avais aucune bonne recette à lui prodiguer. Je ne pouvais que tenter de la consoler. Rien n’y fit. Je la voyais dépérir de jour en jour, puis je ne la vis plus. Je croyais que de découragement Jessie avait changé d’école, mais je viens d’apprendre qu’elle est décédée d’anorexie. Jessie avait faim des autres et les autres lui ont dégueulé leur mépris.
Au dîner ce soir Tante Cathy, qui m’héberge depuis que je suis à la « high school », s’inquiétait de ma mauvaise mine et de mon manque d’appétit. Je n’ai jamais faim, mais ce soir, même si Taty débloque souvent, elle avait raison. J’étais noué. J’ai mis cela sur le compte de l’école, et çà l’a rassurée, elle sait que l’école ce n’est pas mon truc, mais tous les gamins vont à l’école, c’est comme çà.
La nervosité monte et je ne parviendrai pas à dormir. J’ouvre mon PC et me branche sur Fornite Battle, cela me distraira.
Après trois heures de combat virtuel acharné, complètement vidé, je me dirige vers mon lit.
Avant de sombrer dans le sommeil je tâte au travers de mon sac la présence froide et rassurante du canon de l’AR 15.
Tantôt j’irai à l’école.
Dernière édition par Virgul le Sam 5 Oct 2019 - 16:59, édité 1 fois
Virgul- Humeur : Optimiste
Re: A- Demain j'irai
Tout au long de ton texte tu nous prépares très bien à la chute glaçante. ..
Ça donne froid dans le dos car c'est une histoire, hélas d'actualité. ..
Ça donne froid dans le dos car c'est une histoire, hélas d'actualité. ..
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A- Demain j'irai
Un récit haletant dont on peut deviner la fin, on en a connu hélas plein d'histoires de ce genre.
Ici tu décris bien les motivations du jeune, parce que souvent, on se demande pourquoi ils agissent ainsi.
J'aime ton style " américanisé", cela ajoute du piment au texte.
Ici tu décris bien les motivations du jeune, parce que souvent, on se demande pourquoi ils agissent ainsi.
J'aime ton style " américanisé", cela ajoute du piment au texte.
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A- Demain j'irai
Tu décris très bien l'enchaînement infernal qui peut pousser les jeunes et des moins jeunes à des extrémités fatales. Que la vie doit être lourde à porter pour certains adolescents.
_________________
Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A- Demain j'irai
Tu sais très bien ménager le suspense !
Bien entendu on s'attendait à une fin plutôt tragique, mais il n'était pas si évident de deviner laquelle.
Bien entendu on s'attendait à une fin plutôt tragique, mais il n'était pas si évident de deviner laquelle.
_________________
"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A- Demain j'irai
Histoire très bien menée .... mais ... je préfère que tu n'ailles pas à l'école.
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A- Demain j'irai
C'est très bien raconté, Virgul. On se met dans la peau et la tête de ce jeune garçon, on le comprend, et à la fin, notre sang se glace...
_________________
Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
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