A. Grand-mère

Grand – mère



La vie est belle répétait  grand-mère. Grand-mère, je l'aimais bien. Elle s'était souvent  occupée de nous et tout spécialement pendant les vacances lorsque maman ne savait que faire de ses jumeaux. Certes, elle aurait préféré nous voir ailleurs  que chez sa propre mère, mais, par mesure d'économies ( pourtant, pour les économies, elle n'était pas trop douée ! ), elle nous confiait à contre coeur à notre grand-mère.. Elle aurait aimé, par exemple, nous envoyer en colonie de vacances ou en camp de scouts  mais  elle trouvait ça trop  cher ! Et mon père, direz-vous ? Mon père ? Il y avait fort longtemps qu'il ne se souciait plus de ses enfants.  Nous fumes une famille sans homme, sauf moi bien sûr ! Ma mère, en plaisantant m'appelait son « homme-lette », elle trouvait ça très drôle ... pas moi ! Par contre, ça faisait beaucoup rire ma soeur qui n'en manquait pas une pour se moquer de moi.
Ma mère travaillait à temps partiel dans une agence immobilière où elle était secrétaire. Elle ne devait pas gagner gros car nous étions obligés d'habiter dans la maison de grand-mère qui nous logeait gratuitement, nous habillait et payait pratiquement tout ce dont nous avions besoin. Elle était généreuse et ne faisait à ma mère aucune remarque désobligeante  à cet égard. Elle n'avait jamais exercé la moindre profession mais elle avait hérité de ses parents pas mal d'argent;  également,  elle touchait la moitié de la pension de son mari qui avait été haut fonctionnaire de l'état. Bref, Mamie avait des sous et nous en profitions tous largement.
Par contre, ma pauvre maman n'avait pas le porte-monnaie de ses ambitions. D'une part, elle voulait son indépendance mais, d'autre part il aurait fallu renoncer à la villa spacieuse et confortable de ses parents et elle ne se sentait pas le courage d'occuper une modeste H.L.M.. Elle rêvait devant certaines grosses berlines quand elle devait se contenter de sa petite Twingo. Elle aurait souhaité des vacances au Club Med or c'était le camping ou rien. Quant aux vêtements !  Dieu sait si elle était coquette !  Elle poussait de profonds soupirs en feuilletant les catalogues de mode. La solution ? Le loto ? Elle jouait régulièrement et perdait tout aussi régulièrement ! Il ne lui restait plus qu'à trouver un homme. Et là, ses chances de réussite n'étaient pas plus élevées que celles aux jeux de hasard. Pourtant, ce n'était pas faute d'avoir tapoté sur le clavier de l'ordinateur en s'inscrivant sur de  nombreux cites de rencontre. Hélas, l'oiseau tant espéré n'était plus en rayon ! Elle désirait un homme jeune, réellement libre, voulant vraiment se marier, intelligent, ayant une grande aisance financière, généreux (envers nous trois ), aimant les enfants ( nous deux ). En vérité, ma mère, c'était une bonne mère, elle ne voulait pas se séparer de nous et n'était pas prête à accepter un homme qui ne nous aurait pas aimés. En conclusion, soit on ne faisait plus le modèle, soit il était si rare qu'on ne pouvait plus le trouver. Ma mère qui n'était pas sotte, finit par comprendre que sa quête était désespérée, il ne lui restait qu'à modérer ses ambitions ou à renoncer. Elle choisit la deuxième solution et elle se mit à en vouloir à ma grand-mère. !

Grand-mère avait compris; elle savait  que sa fille souhaitait avoir  plus d'argent à sa disposition mais c'était un puits sans fond, elle  aurait toujours envie de quelque chose. Mamie ne céda jamais. Bien sûr, il aurait fallu que maman ait une meilleure situation. Mais à qui la faute ? Elle n'avait jamais voulu faire des études universitaires !
En silence, grand-mère reprochait à sa fille ses échecs scolaires et maman reprochait à sa mère ce qu'elle appelait injustement son manque de largesse.

Les années passèrent.  Ma soeur et moi, nos diplômes en poche, nous quittâmes la maison, laissant les deux femmes avec leurs non-dits.

Une fois que nous fûmes partis, Grand-mère commença à changer. D'abord, chose époustouflante, pour devenir catholique, elle renonça à la religion réformée à laquelle adhérait la famille depuis des générations, . Sous les sarcasmes de ma mère, elle se rendait tous les dimanches à la messe. Ne croyez pas pour autant qu'elle devint une grenouille de bénitier, loin de là.. Ce n'était pas le genre  « une maille à l'endroit, une maille à l'envers » pour les pauvres de la paroisse. L'hiver, peu préoccupée par l'ostéoporose qui la guettait, elle partait faire du ski avec ses copines. Et pour fêter ses 70 ans, elle s'offrit lors d'un séjour aux Deux-Alpes, un saut en parapente ! L'été, elle partait en croisière. Mais ce qui fit sortir ma mère de ses gongs arriva en février dernier : grand-mère avait acheté un billet pour ... l'Antarctique ! 15 000 €  tout  compris !

Mais enfin, maman, à ton âge, partir si loin dans une région où il n'y a rien et où les températures sont si extrêmes.
Quoi à mon âge ? Veux tu dire par là que je suis trop vieille pour voyager ?
Bien sûr que non, maman ! Je pense simplement que tu n'as pas l'habitude d'un climat aussi froid et que tu risques de tomber malade.
Ça, ma petite-fille, je ne suis pas encore gâteuse et je suis toujours capable de juger ce que je peux faire ou pas. Le bateau est extrêmement confortable, climatisé et lorsque nous mettrons le pied à terre, nous serons habillés en conséquence. De toute façon, j'en ai rêvé toute ma vie de ce voyage Je crois que je me suis assez sacrifiée pour élever ma famille et plus particulièrement tes enfants à TOI, je peux maintenant penser à moi.
Bien sûr, bien sûr, maman !  Et je n'oublie pas tout ce que tu as fait pour nous.
Je suis heureuse que tu le reconnaisses enfin.
Mais il n'y a pas que çà, maman. Tu te rends compte de ce que ça coûte ? On pourrait employer cet argent de manière plus utile.
Ah, nous y voilà  enfin ma petite ! C'est donc çà ! Plus utile, dis-tu ? Pour t'aider à t'acheter une nouvelle voiture, peut-être ?
Pas forcément. Mais après les sports d'hiver et plusieurs voyages par an, plus ou moins longs et lointains, tu finiras par te ruiner.
Et ça te préoccupe fort n'est ce pas ?
...
Je comprends que tu te fasses du soucis pour ton héritage. Mais, vois-tu, c'est mon argent et je suis  libre d'en disposer à ma guise. Le temps venu, tu verras bien ce qu’il te reste.

Ma mère se garda d'insister davantage. Ma grand-mère partit et revint un mois plus tard en pleine forme. Elle continua ses , cependant elle finit par abandonner les sports d'hiver. Oh, ce n'est pas qu'elle ne s'en sentait plus capable.  Hélas pour elle,  toutes ses amies, plus raisonnables, refusèrent de l'accompagner.

Un dimanche où Mamie était partie en randonnée dans la forêt de Rambouillet, ma soeur nous invita à déjeuner dans son studio du Quartier Latin. Bien entendu, grand-mère occupa une grande partie de nos sujets de conversation.
Vous verrez qu'elle finira par nous ruiner, dit ma mère, la .mine triste.
Possible, répondit ma soeur, mais dans son coffre-fort, il restera bien des choses. Franck, toi, qui as toujours été son préféré, je suis sûre que tu es dans la confidence. Elle te parle à toi.
Oui, elle me parle car je prends le temps de l'écouter.
Alors tu sais.
Non, je ne sais rien car ça ne m'intéresse pas.
Ne joue pas les hypocrites !
Je ne joue pas. Si ça vous préoccupe tant, vous n'avez qu'à lui poser la question.
Elle ne nous répondrait pas. Tu ne peux pas le lui demander ?
Non !

Elles n'eurent pas très longtemps à attendre. Occupée à répondre à son téléphone portable, grand-mère traversa l'avenue sans regarder. Elle fut tuée sur le coup par un car de touristes.
Grand-mère avait demandé une messe d'enterrement complète. Ma mère trouva la  cérémonie horriblement  longue. Quand nous rentrâmes  du cimetière,  perplexes, elles regardèrent  le coffre-fort caché derrière un affreux tableau représentant des roses. Il fallut encore patienter jusqu'à l'ouverture du testament chez le notaire pour savoir enfin le code pour l’ouverture  de l'objet tant convoité. En ce qui concerne l'argent, comme prévu, il ne restait presque plus rien. Tout l'espoir résidait dans le coffre.

Je fus préposé à l'ouverture. Le coffre était vide. Pas le moindre bijou, pas l'ombre d'un lingot, seulement une enveloppe non cachetée qui renfermait un message en guise de testament : la vie est belle !        

Alors là, j'adore la chute!
Petite question, pourquoi se mettre dans la "peau" d'un homme? Pour moi ton texte est très bien ainsi, j'ai aimé le lire sans me demande si son auteur était un homme ou une femme.
En tout cas, j'aime beaucoup cette approche de la consigne et ton texte sonne très juste.

Pourquoi je me mets dans la peau d'un homme ? Je n'en sais rien. Le hasard ? Un désir caché ? Si dans K4, il y a quelqu'un qui connait réponse, suis prête à l'écouter.

Dans la vraie vie, j'ai ouvert un coffre. Il était plein ! ( ma mère n'en avait pas )

C'est une histoire bien racontée.
Et pourquoi ne pas se mettre dans la peau d'un homme ? Quand on écrit on fait ce qu'on veut, c'est ce qui est bien. l'écriture nous donne ce pouvoir.
Dommage que l'on connaisse l'excipit à l'avance car ça gâche un peu la surprise de la chute.

Je n'aime pas les excipits.. Ils sabotent la chute et brident mon imagination. Mais j'ai parfois le sens du sacrifice !?

Bon, je sais que tu aimes la sincérité donc je me lance.
Tu n’aimes pas les excipits pourtant tu l’as très bien amené car là toute dernière partie est super. Rien à redire là dessus.
La forme de ton texte est parfaite, rien a redire non plus.
Le thème est impec aussi mais...
Pourquoi avoir caricaturé les rapports humains ?
On dirait que tu n’as pas su choisir entre la crédibilité de l’histoire et la caricature jusqu’au bout.
Soit tu caricaturais encore plus et tu faisais un texte acide et provoquant ( comme tu sais le faire et très bien)
Soit tu rendais l’histoire vraiment crédible avec beaucoup plus d’emotion Et des personnages moins « carrés »

Ce que je veux dire, c’est qu’on ne ressent aucune émotion dans ton texte mais on ne ressent pas non plus la folie et l’humour acide.
On est toujours entre 2 et de fait pour ma part je n’ai pas adhéré à ton parti pris .
Et lorsque j’ai lu les dernières phrases, je me suis dit: bon sang tous les ingrédients étaient là mais la sauce n’a pas pris 😳

Ceci est mon ressenti bien évidemment et uniquement mon ressenti 😉

Cassy est une petite futée, on voit bien qu'elle a respiré le même air des Pyrénées que moi, on ne peut pas la tromper.

Je ne suis pas vraiment rentrée dans l'histoire, je n'ai fait que picorer des idées.
Il y en a des qui voulaient me mener où je ne voulais pas aller. Si je ne les avais pas écoutés, la grand-mère aurait pu être une " Tatie Danielle " aussi vache que possible.
C'est tout de même pas ma faute à moi s'il y en a des qui veulent me faire dire de force que la vie est belle

Moi j'ai bien aimé ce texte me racontant que c'était ta propre histoire mais j'ai du y renoncer ... . Naturellement cela ne pouvait finir que comme çà et pas comme" ils furent heureux et eurent beaucoup d'argent !"

Ah! Les histoires d'héritages font couler beaucoup d'encre : la surprise c'est de trouver le coffre-fort plein ou vide,on peut appeler cela l’alternance entre les générations.
Dans ton récit c'est une bonne grand-mère puisqu'elle a veillé à ce que ses petits-enfants ne manquent de rien et si dans la vraie vie ton coffre était plein c'est une grand-mère parfaite.

Ma grand-mère n'avait pas de coffre et pas un sou. Née au 19ème siècle, commerçante, elle faisait partie de ces gens qui ne connaissaient ni la pension de retraite, ni la sécurité sociale. Quand mon grand-père né en 1869 a dû être opéré, c'est ma mère qui a payé.

Tu avais donc aussi une bonne mère ! En 1955 mon grand-père avait aussi utilisé toutes ses économies pour l'hospitalisation de sa femme.

Comme je connais Ataraxie, elle ne pouvait pas écrire un texte " sage".
J'ai passé un long et bon moment avec elle hier et elle est encore parvenue à m'étonner. ..
Des idées en pagaille, elle pourrait écrire pendant des heures!
J'ai aimé, mais c'est vrai que c'est un peu décousu.

Décousu ? Décousu ? NON. C'est cousu de fil blanc !

Cousue de fil blanc, peut-être,
mais joliment brodée, cette histoire  est assez agréable
dans le style , description de personnages hors norme

C'est en lisant certains commentaires que j'ai compris pourquoi je n'arrivais pas à accrocher à ce texte. J'attendais sans cesse qu'il se passe quelque chose dans un récit linéaire et sans relief.
Certes il y a une pirouette à la fin. Mais c'est un peu : tout ça pour ça !

Au final, ce texte plus les commentaires sont plein d'enseignements. Pas toujours facile avec une consigne, comme tu le dis Ataraxie : « d'entrer vraiment dans l'histoire ». Alors on devient vite tâcheron et on sort un texte qui n'est pas à la hauteur.

Je dis cela d'autant plus que ça m'est arrivé. Et j'ai eu droit à juste titre à des commentaires qui étaient loin d'être dithyrambiques ! Il faut bien dire que Cassy est une fine mouche ! Moi j'apprécie cette authenticité dans les réactions. D'autant plus que l'on apprécie la personne qui écrit. Ce qui est le cas.


Cela dit il y a de bonnes idées et on aurait aimé une mise en scène plus… excitante… (et comme tu as fait le choix d'un personnage masculin je dirais : une mise en scène plus bandante !)

Pouisque ( prononciation belge ) c'est ça je vais aller me pendre à un pont du diable ( j'en ai trouvé d'autres ) mais il faut que je réfléchisse pour savoir lequel !

Si je comprends bien, il faudrait que je revois ma copie. Va quand même falloir que je me donne un peu de mal.
Honnêtement je préfère les compliments mais je vous remercie pour vos critiques constructives.

Ataraxie a écrit:....
Honnêtement je préfère les compliments mais je vous remercie pour vos critiques constructives.    

Tiens ! C'est exactement pareil pour moi…
cela dit je ne t'invite pas à reprendre ce texte… ou alors tu fais complètement autre chose !
Quand on n'est pas inspirée…
je ne vais pas dire ce qui suit pour te rassurer : mais plus d'une fois j'ai lu des auteurs de renom écrire très bien jusqu'à la centième page, puis nous balancer 30 ou 40 pages sans grand intérêt l ! Avant de reprendre quelque chose d'un peu meilleur.

Et surtout ne va pas te pendre !

D'abord j'aurais ta mort sur la conscience à jamais, et en plus il faudrait que je porte une couronne sur ta tombe… et au prix où sont les fleurs…

Te bile pas, je vais attendre le printemps prochain car :
1) il faut que je fasse le tour de tous les ponts du diable de France et de Navarre avant de faire un choix.
2 ) ma fleur préférée est le lilas. Tu vois ce n'est pas cher et si tu n'en as pas tu pourras en piquer facilement.

Sur ce, je vais réfléchir

Arrivant bonne dernière après tous ces commentaires je vais me contenter de jouer à la modo pure et dure

D'abord dans ce long texte, il est possible de faire des erreurs comme celle des " sites de rencontre"
Ensuite d'oublier des mots dans la phrase " elle continua ses," Ses quoi ????
Tu peux éditer ton texte et corriger.

Pour ma part j'ai un regret c'est que ton texte n'a absolument rien à voir avec la photo ( que j'ai prise avec amour)
Pourtant c'était " cadeau" non ??

Il fallait en plus tenir compte de la photo ? ! ... C'est sûr, je cherche un pont !